Brooks Leo J.
Messages : 11 Date d'inscription : 11/11/2014 Age : 30 Localisation : Le plus loin possible de toi.
| Sujet: Silence & sugar - Leo Mar 11 Nov - 20:14 | |
| Brooks Leo J. «J'aime l'humanité, ce sont les hommes que je haïs.» Informations ▬ Nom & Prénom(s) : Brooks Leo, Jean-Marie ▬ Âge : 20 ans ▬ Date de naissance : 28.08.1994 ▬ Orientation Sexuelle : Asexuel ▬ Pouvoir(s) : Manger plus de gâteaux en 5min que tu n'en as vus de toute ta vie ▬ Groupe : Civils ▬ Autre(s) : Travaille comme serveur dans un bar le même que Masa hero www | Physique • 1m70 • 60 kg • Cheveux blancs naturels • Bleus • Albinos de nature • Odeur sucrée Commençons. Puisque tu ne veux pas te décrire tout seul je vais le faire. En somme, tu es un jeune adulte, ou bien un grand enfant, je ne sais pas trop, qui se situe dans la moyenne, 1m70 pour une petite soixantaine de kilos, tu es peut-être un peu en-dessous finalement. Qui plus est tu n'as aucun muscle et tu es fluet, si fluet qu'on dirait parfois que tu vas te casser en deux. Mais ton air sérieux en permanence t'empêche d'avoir l'air plus jeune que tu ne l'es. Tu as un teint de plus blancs, des fois on se demande si tu n'es pas un cadavre, mais non. Tes cheveux naturellement blancs eux aussi n'arrangent pas les choses. Il sont fins, si fins, et on dirait qu'ils sont fait de neige tant ils sont lumineux. Mais ils sont aussi très fragiles, c'est que c'est embêtant, l'albinisme. La sensibilité à la lumière, la peau et les yeux fragiles, tout ça… Mais depuis le temps tu t'y es fait. En parlant des tes yeux, ils sont d'une couleur assez rare. Bleu, d'accord, mais bleu nuit. Ça doit bien être la seule chose que tu aimes dans ton physique, ce sont les yeux de ta mère. Aussi sombres que le ciel nocturne, mais jamais éclairés par des étoiles. Il faut dire que tu ne montres jamais ce que tu ressens, c'est meurtrier, ça. Les seules choses que l'on peut déceler dans ton regard sont le désintérêt, l'ennui, et de temps en temps le ressentiment. D'ailleurs tu n'es pas très bavard, ce sont eux qui parlent pour toi. Quand quelqu'un t'énerve, tu le lui fais vite comprendre en lui lançant un regard des plus froids. Froid, oui, ça te représente bien, ça. Bleu, blanc, ce sont tes couleurs, celles que tu portes en permanence. En parlant de ce que tu portes, ta garde-robe n'est pas très variée. Au travail, l'uniforme de serveur, le petit veston noir avec la chemise, tout ça. Et puis le tablier pour faire plus professionnel. Ça te va bien, pas trop coloré, pas extravagant, comme toi, quoi. Et en dehors, eh bien… Il y a toujours ce sweat. Toujours. Toujours le même, bleu foncé, épais, et avec ces motifs de givre dans le haut. Encore quelque chose qui rappelle le froid, pour mieux éloigner les gens peut-être ? Impossible de concevoir une sortie sans ton sweat bien aimé. Ajoutons à ça un pantalon et des mocassins marrons, et te voilà prêt. Pas besoin de se compliquer à suivre les modes ou quoi que soit, tu as tes vêtements, et c'est tout. Jeans, baskets, très peu pour toi, donc. Et les accessoires on n'en parle pas. Tu as juste une montre, pour le côté pratique. Enfin, en ce qui concerne ta voix, elle est plutôt grave, mais c'est parce que tu le fais exprès. Tu la rends sèche, grave, froide, impersonnelle, ça veut dire «j'ai pas envie de causer», c'est tout. Des fois je me demande comment fait ton patron pour te garder… Peut-être le côté mystérieux, et ténébreux -alors que tu es si blanc, le comble- que dégage ton physique ? Ça intrigue, et ça attire aussi les lycéennes. Ah, c'est bien dommage, ça. Tu donnerais n'importe quoi pour ne pas attirer les gens vers toi, pour qu'on ne te remarque pas. Mais visiblement, ce n'est pas comme ça que ton karma en a décidé. Dommage, hein ? | Histoire Les premiers souvenir que tu aies ? Une petite enfance sans vraiment de souci, rien de vraiment marquant, que ce soit positif ou négatif. Vous étiez bien, à l'aise, tranquilles, dans votre petite maison du sud de l'Angleterre. Tu étais le plus souvent avec ta mère, elle avait arrêté quelques années le travail pour s'occuper de toi, puis de ta soeur. Elle vous faisait des gâteaux, ça fait partie de tes premiers souvenirs, et ça t'a toujours suivi partout, accompagné depuis. C'est un peu comme ta signature. Ton père ? Très pris par son boulot, lui, mais tu le voyais quand même suffisamment, tes souvenirs de cette époque restent très faux, quand même, t'étais qu'un gosse, t'étais encore trop influençable et, comme dans n'importe quelle famille, on faisait en sorte que tout le monde s'aime. Bien que déjà très timide, tu étais souriant, t'avais la vie devant toi, sans savoir encore réellement ce que ça impliquait justement de «vivre».
Ensuite, il a fallu aller à l'école. C'était un problème, t'étais loin de votre maison de campagne, de ton monde, t'étais paumé, déboussolé. Mais surtout, il y avait d'autres enfants, du même âge que toi. Déjà à cette époque-là, tu savais pas t'y prendre avec ceux qui devaient sûrement être les plus proches de toi. Les plus vieux, tes parents, tes oncles et tantes, tes professeurs, ça passait, ça te rassurait, et les plus jeunes comme ta soeur ou tes cousins, même s'ils étaient énervants tu les aimais bien, et, avec une sorte d'autorité naturelle, tu leurs faisais comprendre de pas trop t'embêter. Mais tes camarades, non. Non, vraiment. Déjà qu'ils se moquaient de ton nom. «Jean-Marie», c'est pas du tout courant, surtout hors de France -le pays natal de ta chère mère-, et ça fait vieux, c'est risible. Toi, tu comprenais pas, tu te demandais pourquoi on se moquait de ton nom alors que tu n'avais pas choisi. Haut comme trois pommes, pas fichu de leur répondre quoi que ce soit, t'allais pleurer dans ton coin, qui a vite fini par être les jupes des maîtresses. Et comme elles t'aidaient à tenir le coup, aidées bien sûr par ta mère, ta mère si douce et attentionnée, tu voulais pur faire plaisir alors t'es devenu le premier de la classe en un rien de temps. Faut dire qu'en plus d'avoir les capacités, t'avais la motivation, et rien d'autre à faire. À part des gâteaux. Si tu tenais le coup, c'était en grande partie grâce à ça, tu t'empiffrais tous les jours un peu plus, c'était tellement bon, tellement doux, une douceur qui te manquait en ce qui concerne les relations. Tu compensais comme tu pouvais, et ça te rendait heureux.
Arriva le collège, et ça ne s'est pas arrangé, niveau relations, en fait. Pas du tout. C'est vraiment l'âge bête, comme on dit, la plupart des groupes sont déjà formés, et comme on se croit grand on croit qu'on a plus le droit de faire des histoires, plus le droit de persécuter ceux qui n'ont aucun bouche-trou pour se protéger. T'en faisais des crises d'angoisse, et, comble pour un «intello», tu souffrais de la phobie scolaire. C'est à ce moment-là que tu as commencé à te rendre compte que ta mère était vraiment une personne gentille, et toujours prête à t'aider. Encore une fois, elle te faisait des tonnes et des tonnes de gâteaux, ça te faisait trop plaisir. Tu croyais au début que ton père l'était aussi, gentil, à sa façon, quand il te disait que «T'es un homme, et les hommes ça pleure pas !» ou que «Si ta mère te couvait moins t'en serais probablement pas là.». Tu as vraiment espéré. Mais non, c'était toujours pareil, et en fait tu crois bien que ça l'énervait plus qu'autre chose, tu voyais de mieux en mieux que t'étais pas le fils qu'il attendait, que t'étais une lavette et que tu le décevais. Mais t'avais rien fait de mal, si ? T'étais comme ça, t'y pouvais rien. T'étais fait pour penser (et manger du sucre), pas pour bourriner.
Et justement tu pensais, tout en mangeant du sucre, toujours autant, fallait pas se priver. Un peu trop peut-être. À tes 14 ans, t'avais réussi à prendre plus ou moins de recul, tu réussissais -du moins tu le croyais- enfin à ignorer les autres. C'est qu'ils n'étaient pas inventifs, et t'avais réussi à trouver des combines pour les éviter, puis tu savais bien qu'il étaient jaloux de ton 18 de moyenne. Mais qu'est-ce qu'on y peut, quand on est con au point de martyriser ceux qui sont un peu réservés, faut pas s'étonner, que tu te disais. Tu commençais doucement à te rebeller, parce qu'après tout, quand tu voyais la vie des autres, tu te disais que t'avais sûrement le droit à la même. T'étais encore un enfant rêveur et t'avais rien fait de plus mal que les autres, t'avais rien fait du tout, mais il fallait que toi tu agisses pour être au même niveau qu'eux. Au fond ça te déprimait, tu réalisais peu à peu comme le monde est noir, hostile, comme les autres ne sont en fait qu'un danger plus qu'une source de joie. Certaines nuits, tu broyais du noir à en avoir des envies de meurtre, mais pas contre les autres, contre toi, t'avais cette voix dans ta tête qui te disait «Tu ne mérites pas de vivre, tu vois la vraie face du monde et t'es trop faible, tu peux rien faire de toute façon. C'est tombé sur toi plutôt que sur quelqu'un d'autre car toi tu le mérites, tu sers à rien, t'es bon partout sauf dans ce qui importe réellement.» À quoi ça sert de voir toute la mocheté du monde si on ne peut pas y remédier ? Tu savais pas, et tu sais toujours pas, mais ça te faisait mal. T'étais, en façade, indifférent, limite froid, mais plus ça allait et plus à l'intérieur tu souffrais, t'en pouvais plus, tu savais que tu craquerais un jour ou l'autre.
Et alors ça, tu l'as pas vu venir. Tu ne sais pas si lui t'avait vu venir ou non, mais toi, tu l'avais vraiment pas vu venir. Le Japon. Tout s'était passé vraiment très très vite, ton père avait perdu son boulot et la crise commençait sérieusement à vous rattraper. Ça allait de plus en plus mal, en plus ton père tu savais que tu le décevais, t'avais en quelque sorte pitié car plus rien dans sa vie ne semblait aller. Alors, comme ça, du jour au lendemain, vous étiez tous les quatre dans l'avion. Tu parlais pas un seul mot de japonais, tu savais même pas lire le japonais, tu faisais juste de l'anglais et du français en deuxième langue, parce que quand on est bilingue ce serait con de pas en profiter. Mais d'un autre côté, tout plaquer derrière, comme ça, tout enfouir, depuis les racailles des bacs à sable jusqu'aux abrutis qui fument à 13 ans, t'avais pris ça comme une opportunité, un coup de chance certainement. Et puis, les gâteaux japonais t'intriguaient, très important, de découvrir de nouvelles saveurs. Ta soeur était pas aussi enthousiaste, mais vous aviez pas vraiment le choix. Ton père plus que vous tous était pressé de partir, et tu te disais que peut-être il changerait, que peut-être tu reverrais ton jugement sur lui. T'as une fois de plus espéré, t'étais vraiment con.
Au début tu pensais que ça irait mieux, que ça s'arrangeait. Ici, aucune chance qu'on te harcèle si on ne savait pas que tu l'avais été depuis le tout début, hein ? Mais c'est pas pour autant que tu t'approchais des autres. Déjà, tu savais pas leur parler, parce que bon, l'accent japonais sur l'anglais, c'est… Bref. Et ensuite t'avais un peu peur, tu savais pas quoi dire, t'avais trop souffert et rien à raconter. Un étranger dans la classe c'est souvent très cool et bien vu, mais au final ça te stressait encore plus. Sans parler du système scolaire. Tu bossais bien avant donc t'arrivais à suivre, mais qu'est-ce que c'était éprouvant. Enfin, tu te plaignais pas, y avait ta soeur à côté qui monopolisait tes parents parce qu'elle, elle y arrivait pas du tout. t'aurais bien voulu qu'on s'occupe de toi, mais y avait pire que ton petit stress de mauviette, alors tu te contenais. De toute façon tu t'étais jamais vraiment trop confié quand c'était important, tu voulais pas emmerder les gens inutilement, et c'était pas maintenant que ça allait commencer.
Arrivé au lycée, tu déprimais déjà moins. T'avais pas le temps, fallait bosser, et apprendre le japonais en même temps. Puis quand tu le sentais venir tu achetais des kilos de bonbons, t'avais tout compris à la vie. Mais une fois la langue acquise sans trop de difficultés -même si tu liras jamais de poèmes japonais d'il y a 600 ans en dialecte d'Osaka-, t'as finalement eu le temps de redécouvrir le monde. C'est bête, ç'aurait été vraiment bête que t'oublies comme c'est moche, hein ? Bon, ton père avait un boulot qui faisait que, 3 jours sur 7, il était pas à la maison. Soit, ça ramenait de l'argent après tout. Quoique, non, en fait. Ça en ramenait pas plus qu'avant. Même de moins en moins. Tu te faisais du souci parce que ça faisait que ta mère se surmenait, et ça tu pouvais pas supporter. Que toi tu souffres, d'accord, mais pas elle, pas elle, elle était trop gentille, trop douce, contrairement à toi elle pardonnait, elle méritait pas de souffrir. Alors t'as fait ton enquête, surtout quand tu commençais à voir que ton père, la nuit quand tout le monde dormait, rentrait en fait bourré. Ta mère devait bien remarquer qu'il puait l'alcool, mais soit elle pouvait rien faire, soit elle se voilait la face. Peut-être les deux ? Plus ça passait, et plus ça te révoltait. Tu pouvais rien faire contre le monde, mais tu pouvais très certainement faire quelque chose contre ton monde.
La crise d'adolescence. C'était vraiment l'époque où tu as été le plus haineux envers à peu près tout et tout le monde. T'en avais besoin, au fond, de laisser tout ton ressentiment s'échapper, d'ouvrir les vannes, de gueuler, tout simplement. Ton père, t'en pouvais plus, tout le monde voyait qu'il faisait couler votre famille, que c'était sa faute si vous viviez pas correctement, mais personne disait rien. Alors un jour, t'as craqué, t'as gueulé. C'était la dispute la plus violente, la toute première. Tu t'es fait insulter, frapper, mais tu t'en foutais, t'avais les meilleurs arguments, tu savais qu'au fond il savait pas quoi dire et se rabattait sur la seule chose qu'il savait vraiment faire : te descendre, physiquement ou mentalement peu importe. T'avais fait peur à ta soeur au point qu'elle ose plus parler pendant un bon moment, t'avais fait pleurer ta mère, tu t'en voulais, mais c'était surtout à lui que t'en voulais. Comment t'avais pu espérer, comment ? T'en revenais pas, t'y croyais pas. Mais surtout, tu savais pas comment ta mère faisait pour simplement pas se barrer, toi tu l'aurais fait depuis déjà très longtemps, à sa place. Elle semblait même pas lui en vouloir, elle voulait pas le voir crever seul comme il le méritait pourtant, elle savait pas quoi faire, elle était trop gentille, ta mère. Votre famille était bien loin de celle dont tu te rappelais, celle de ton enfance. Après un certain temps, tous les soirs où ton père était là -soit dit en passant de moins en moins-, ça gueulait, c'était normal. Tu te prenais des baffes, des coups, t'en avais rien à foutre parce qu'au final ça t'amochait pas trop, il savait que sinon il aurait des problèmes, ce con.
Mais t'en avais marre, tu savais que ça pourrait jamais durer éternellement. L'air de rien, vous vous priviez, pour l'autre salaud qui, tu l'avais appris sans jamais le dire aux autres toutefois, dilapidait tout son fric dans des activités assez illicites. T'attendais qu'il se fasse choper par les flics, de toute façon même si tu le savais, t'avais pas de preuve et tu leur faisais pas assez confiance. Ils vous auraient sûrement séparés, avec ta mère et ta soeur, si tu l'avais balancé. Par contre, t'avais 18 ans. Et donc, t'étais majeur, t'avais ta majorité anglaise. Ni une, ni deux, tu t'es barré. T'y avais bien réfléchi, et au final tu savais que ça ferait au moins une bouche à nourrir en moins pour ta mère -notamment en gâteaux. T'as arrêté les études un an pour bosser, t'enchainais les petits boulots pour payer ton loyer et ta bouffe -ton sucre quoi- seul et tu le voyais pas, t'étais content, ça t'allait. En plus tu vivais seul, pas de contraintes, pas d'obligation de faire semblant d'aller bien. Et surtout, surtout, t'avais pu changer ton nom, fini le «Jean-Marie» qui t'as fini par détester. En plus d'attirer les moqueries, ton père l'avait tellement hurlé, t'avait tellement engueulé avec que c'était limite si ça te faisait pas mal aux oreilles de l'entendre. T'avais choisi… Leo. Court, joli, facile à prononcer pour les japonais, et puis Leo ça évoque le lion, la force, parce que tu t'étais dit que tu serais plus jamais faible, et vivre seul, indépendamment, en était la preuve.
Tu vivais du strict minimum, et dès que tu pouvais t'aidais financièrement ta mère, mais pour elle, hein, pas l'autre enfoiré. Lui, tu l'avais entendu un moment, mais il a fini par te lâcher, ne plus vous voir devait simplement être la solution. Tu le croyais, mais en même temps ça te suffisait pas, tu voulais qu'il paye quand même. Mais tu pouvais rien y faire. Entre temps, tu t'étais calmé mais t'étais devenu complètement misanthrope et froid, limite ça en faisait peur. Tu parlas jamais à tes collègues, tu faisais presque fuir les clients, ton visage affichait clairement et en permanence un joli «Allez vous faire foutre bande de cons.». T'avais acquis pas mal de répartie au fil des années et tu laissais plus personne te marcher sur les pieds, t'avais plus le temps pour ces conneries, t'avais -presque- une famille à nourrir. Donc, solution radicale, tu faisais en sorte qu'on t'évite, tu faisais en sorte qu'on t'aime pas et qu'on te laisse tranquille. Point. Depuis, t'as pas vraiment changé je crois, t'es peut-être blasé à vie ?
Tu comptais prendre une deuxième année à travailler sans étudier, tu songeais à peut-être même faire ça toute ta vie, en fait, mais pour une fois, on dirait que les évènements ont tourné en ta faveur. Tu pensais pas qu'il se ferait choper un jour, mais ce fut celui de ton dix-neuvième anniversaire. Joli cadeau, même une pièce montée ne l'aurait pas égalé. Et pourtant. Le 28 Août 2013, coup de fil. Ta mère, désespérée, t'annonce une nouvelle qui, malgré tout, t'a arraché un sourire. Un vrai sourire, un sourire des plus sincères et des plus heureux. «Ils l'ont… Ils l'ont-… Reviens. Reviens, je t'en supplie…!» Le soir même tu étais rentré. Les papiers n'étaient pas faits et t'avais encore des trucs à déménager, mais comme il avait viré, l'autre connard, il n'était pas question que tu t'écartes une seule seconde de plus de ta mère bien aimée. Tu pensais, et penses encore, qu'elle ne devait pas l'aimer, mais qu'elle était juste trop gentille pour le laisser. Ta soeur aussi s'était trouvé un ou deux petits boulots, et vous vivotiez, vous vous arrangiez pour ne jamais la laisser seule. T'arrivais pas à le croire, ça s'arrangeait. Tu tenais le bon bout, enfin, il avait fallu 19 ans pour que ça vienne, mais tu te rendais compte d'à quel point ça valait le coup. T'en aurais chialé si tu t'empêchais pas de faiblir devant elle.
Et maintenant, tu as vingt ans, c'est beau la jeunesse, comme on dit. Même si toi, tu es plutôt spécial. T'es un étudiant en socio-éco blasé, misanthrope, t'envoies chier tout le monde sauf ta mère, t'as aucune volonté ou aucun souhait personnels, ça en ferait presque peur. Ce que tu fais, tu le fais pas pour toi, mais pour les seules vraies personnes qui comptent. Au fond t'as toujours ce néant qui traîne en toi, tu sais que t'as pas ta place dans la société, mais maintenant, tu te défends, et c'est ça qui change tout. Récemment, t'as été embauché dans un euh, bar ? T'as jamais causé à qui que ce soit dans tes collègues, ils forment comme une bande où t'as tout sauf envie de t'incruster. La seule chose avec laquelle tu te permets de faire des excès, aussi bien en consommation qu'en reconnaissance, c'est les gâteaux, les sucreries. Ah, ça n'a jamais été aussi bon… | Mentalité Froid. Froid comme un glaçon, un iceberg, jamais tu ne fais preuve de chaleur ou d'intérêt envers les autres. À quoi bon, de toute façon, hein ? À quoi ça sert d'être aimé ou d'aimer, quand on sait qu'à la fin on crève et que ça rend tout simplement les autres tristes ? Ou que, même de notre vivant, plus l'affection est grande, plus la douleur possible est grande ? Cela ne sert à rien, rien, rien du tout. Les autres sont un fléau, un enfer à supporter en permanence. Mais toi, plutôt que de te fondre dans la masse, tu préfères l'éviter, simplement dire «non». Repousser les autres peut sembler difficile ou étrange, mais ça évite tellement de problèmes, tellement. À force, tu le fais naturellement, naturellement les autres voient que te parler, c'est risqué. Naturellement, tu ne donnes pas l'envie aux gens de t'approcher, naturellement tu grondes et montres les crocs quand on est trop tenace, ou trop près simplement. Naturellement, tu blesses pour ne pas être blessé.
Solitaire. À vrai dire, en plus de repousser les autres, tu les évites également. Quoi de mieux que le calme ? Quoi de mieux que le silence et sa paix ? Quoi de mieux que la solitude, que de regarder le monde tourner comme la Lune regarde la Terre ? Sans mot, sans bruit, tu observes, et tu penses, simplement. Penser, c'est quelque chose que tu ne peux bien faire que si l'on ne te dérange pas. Et c'est aussi quelque chose que la masse ne peut pas faire, voilà pourquoi tu tiens tellement à t'en écarter. Avoir à supporter les jacassements incessants des pimbêches, vieillards, mégères ou autres humains en permanence est si inutile, si dérangeant. Ça te désole autant que ça t'irrite, alors tu t'écartes, quoi de plus normal, après tout.
Franc. Déjà que tu ne parles pas souvent, si en plus tu t'encombres à mentir ou à tourner autour du pot, ça n'en finira jamais. Alors tu vas au plus simple, au plus rapide, au plus direct. Tu dis ce que tu penses, car c'est bien ça, ce qu'on demande, non ? Donc tant pis si ça peut blesser, tu n'en as strictement rien à faire, car tu détestes par-dessus tout l'hypocrisie typique des êtres humains. Alors oui, parfois tu gueules, parfois tu rabats leur caquet aux gens, parfois tu leur dis tout ce qu'ils ne veulent pas entendre, mais c'est comme ça, c'est tout. S'ils ne voulaient pas entendre, alors ils n'avaient qu'à pas demander. Et parfois, cette «franchise» vire à l'insolence. Tu t'es pris nombre de baffes pour avoir un peu trop paré, un peu trop gueulé, mais elles étaient méritées, et tu n'as jamais regretté. Tu dis ce qu'il faut dire, un point c'est tout. Et ce, aussi bien quand on te demande simplement ton avis que lorsque tu le juges nécessaire, que lorsque tu trouves quelque chose d'injuste par exemple. Quand les autres parlent, tu te tais, quand les autres se taisent, c'est toi qui parles.
Complexé. Derrière cette façade distante et méprisable se cache une parcelle de toi qu'on ignore, oublie, ou tait trop souvent. Ta vraie nature est simplement la timidité, l'incapacité d'aller vers les autres. Tu ne te sens en réalité jamais à l'aise avec des inconnus, surtout ceux de ton âge qui traînent tous déjà en bandes pour la plupart. Incapable de t'intégrer, incapable d'accepter les invitations dans ces groupes, incapable de ne pas fuir, tu as développé un complexe d'infériorité. Tu es, au plus profond de toi, persuadé que tu comptes moins que les autres, que tu es moins doué, moins intéressant, que tu ne vaux rien, en somme. Et c'est dingue comme ça peut te perturber. Tu ne croirais pas quelqu'un qui te dirait «Je t'aime.», peu importe à quel point cette personne peut être sincère, et peu importe à quel point tu l'espères, au fond. Tu voudrais qu'on te remarque un peu, qu'on soit gentil et compatissant avec toi, tu voudrais juste pouvoir montrer ce que tu ressens à ne serait-ce qu'une seule personne, mais tu fais tout pour que ça n'arrive pas. Car tu as peur, toujours peur qu'au final on te trahisse, te blesse, et te laisse tomber comme un simple bouche-trou.
Fragile. L'air de rien, tu es une personne que l'on peut facilement qualifier de «sensible». Cela se vérifie particulièrement quand les personnes que tu aimes — car elles existent ! souffrent, ou sont victimes de l'injustice, de la monstruosité humaine. Si jamais tu n'arrives pas à aider ou résoudre le problème, gare au pétage de plombs. Dans le sens où, à partir du moment où tu commences à pleurer, il est extrêmement difficile de t'arrêter. Te sentir impuissant, que ce soit face à la douleur des autres ou à la tienne, est ce qu'il y a de pire, pour toi. Tu sais très bien, au fond, que tu es inutile, que ta présence en ce monde n'y changera strictement rien, mais qu'on te le rappelle est plus qu'affreux, effroyable. Ajoutons à cela le fait que, en tant que simple observateur, la cruauté humaine t'accable de plus en plus, te ronge même si tu n'y peux rien, et confirme simplement ton envie de t'éloigner des autres. Tu aurais bien besoin de soutien, tu ne pourras jamais supporter ça tout seul, ou pas éternellement. Viendra un jour où tu craqueras, et qui sait ce qu'il adviendra alors…
Désabusé. La tristesse passée, elle ne laisse qu'une certaine lassitude. Une terrible lassitude, envers le monde entier. Tu les observes, ces humains qui se blessent, qui s'abandonnent, qui grouillent. Chacun pour soi. Et alors, tu te demandes «Pourquoi ? À quoi ça sert ?». Rien. Vivre ne sert, en soi, qu'à mourir. Amasser des richesses, de la gloire, de la notoriété, de l'amour, tu trouves ça futile, car en mourant on perd tout. Pourquoi s'embêter à faire tout ça, alors ? Tu n'as aucune réponse à cette question. Et comme tu trouves tout cela inutile, tu t'en détaches. Mais vient un problème : tu es, biologiquement parlant, un être humain. Alors, d'office, tu fais partie d'une société. Et pour qu'elle fonctionne, tu dois la faire fonctionner, y participer. C'est là qu'on te demande, de façon aussi vile qu'un humain peut l'être, comment tu vas y participer. Car on te laisse le choix, si c'est pas beau. Sauf que rien ne t'intéresse, rien ne te fait envie. À tel point que, même si tu poursuis tes études, tu n'imagines pas ton futur. Tu as beau essayer, tu n'y arrives juste pas. Tu n'as aucune volonté, aucun souhait, aucun espoir.
«Rien ne me retient en ce monde. Alors, quand j'en aurai marre, je mettrai fin à tout ça…», murmure le jeune homme avec mélancolie, la voix déjà éteinte. | Derrière l'écran ▬ Prénom : Kono ▬ Âge : 16 ▬ Comment as tu connu le forum ? difficile de ne pas connaître quand tout le monde en parle sur KPRPG ▬ Faceclaim : Jack Frost - Rise of the Guardians ▬ Un petit commentaire : ici aussi je propagande le fanservice et le KFC *roule* | |
Dernière édition par Brooks Leo J. le Ven 14 Nov - 16:15, édité 3 fois | |
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