Domino's pizza c'est le bien -- ft. Amemiya Yukimitsu

Ennui. Ennui. Faim. Faim. Son ventre gargouille, il gronde, c’est un orage intérieur. Les bruits en provenance de son ventre la font souffrir, mais pour autant, elle ne bougera pas du lit de Masahiro. Elle profite de son absence pour squatter la seule chose auquelle elle se tient de toucher, le sanctuaire inviolable du sommeil, cet autel qui accueille avec bienveillance son esclave. En fait, qui sait ce qu’il se trouve sous cette couette? Akemi n’ose pas y penser, et c’est une sensation autant dérangeante qu’euphorique qui nait chez elle. Elle a beau tenir ses 18 ans et en être fière, elle est restée une enfant imaginative, encore influencée par les livres pour mômes qu’elle lit parfois. Alors la brune regarde le plafond, en imaginant ce que Masahiro pourrait cacher. Cette occupation presque perverse lui faisait oublier les gargouillements insoutenables de son estomac. Elle a pensé à tant de choses horribles qu’a s’en souvenir, elle rougissait de honte, dans sa solitude. Et puis c’est tellement calme, personne n’est chez son hôte. Il n’y a que elle qui reste parfois toute une journée chez lui, ne voulant pas aller en cours. Pourtant, elle adore aller en cours. Mais disons que ce n’est que l’université, alors c’est « moins important ».

Mais la faim, la terrible, la reprit soudainement. Elle ne sait pas spécialement cuisiner, et ce qu’elle se fait comme plat est juste immangeable. Donc, enfin, Akemi décide de se lever, avec beaucoup de peine, cela va de soi. Ce soir, Masahiro travaille, non? Elle ne connait pas ses horaires. Il est stupide, elle va s’inquiéter. Comment vivre sans le soumis? Il ne sait pas que la survie de la jeune ombre repose sur lui. Vingt-six ans et pourtant, toujours aussi immature. Alors, elle se dirige vers sa veste, et arrive à tirer de sa poche assez pour acheter un snack. Enfilage de chaussures, port d’un manteau, et la voilà comme téléportée devant l’immeuble. L’appel de la faim est trop fort, et permet des choses bien étranges. Akemi court donc, afin de ne pas sentir son estomac qui commence à se tordre en signe de caprice, et pour arriver plus tôt avant les autres. De cette manière, elle évitera la queue pour commander. Mais elle ne sait pas quoi manger, pour le moment. Elle traverse des rues, pour trouver un quartier restaurateur sympa, mais l’odeur qu’elle arrive à sentir avec son odorat fin n’arrive pas à la conseiller dans son choix. Alors le premier restaurant sera parfait. La brune continue, toujours, sentant qu’elle arrive à destination. Elle voit la pizzeria en premier. Le sauveur d’estomac!
Qu’allait-elle pouvoir choisir? Une simple certainement. Mais elle ne connait pas le nom des pizzas. Mais elle pourra toujours se contenter d’avoir simplement honte en expliquant les composants du plat. Une simple jambon-fromage, certainement.

^_Je voudrais une pizza. C’est logique, donc. Mais une pizza.. Avec du jambon et du fromage! Vous voyez? Eh bien voilà.

Et maintenant qu’elle attendait que sa pizza soit prête, elle regardait un peu les clients autour. Des humains, qui sont contents, peut-être sont-ils chasseurs d’ombres? Si elle croise le regard de l’un d’entre eux, va-t-il la chasser? Elle espère qu’il comprend que certaines ombres sont civilisées. Son regard est attiré par un gars au look pour le moins original qui se tenait là, avec ses grands yeux cernés à l’inimaginable. Et puis il y avait son instinct, celui qui ne la trompe jamais, qui lui disait d’aller à sa rencontre. La brunette, instantanément, s’installa à côté du sujet de son impulsivité.

^_Coucou! C’est cool les pizzerias non? T’as pris quoi comme pizza?

Le mode stalker était activé.

Pizza is the best invention humans ever created.

Les devoirs, c'est lassant. La physique-chimie est encore plus ennuyante, incluant les formules à apprendre mais aussi a calculer. Des tas d'exercices qu'il avait reçu de la part de son professeur une semaine auparavant mais qu'il n'a jamais osé touché, grâce à la fabuleuse intervention qu'est la flemmardise. Réfléchir sur des données complexes n'est pas sa tasse de thé, encore moins ouvrir son sac de cours pour sortir sa trousse et ses livres appartenant à la matière adéquate. L'option fréquemment choisie est la procrastination. Ça marche à chaque fois et personne n'est présent chez lui pour remettre en question la paresse— il y a toujours Masahiro mais il ne vient que rarement dans le domaine de l'ombre, c'est plutôt le jeune qui rend visite à l'adulte afin de vérifier qu'il se porte bien et qu'il n'oublie pas de mettre de l'argent de côté pour acheter de la nourriture. Instantanée, de préférence. C'est sympathique de vivre seul par ses propres moyens, enfin cela dépend du point de vue de la personne concernée ainsi que sa vitalité mise à rude épreuve pour démontrer le plus d'indépendance possible. Chose vouée à l'échec, Yukimitsu passe ses journées à glander pendant les leçons et d'une certaine manière très ostentatoire il a organisé un emploi du temps minutieux pour pouvoir profiter au maximum de ses jeux-vidéos et des programmes télés de la soirée.

Couché à plat ventre, jambes vagabondant dans le vide de haut en bas, ses prunelles insondables fixaient l'écran de jeu de la psp, le son du jeu en marche est brutalement coupé par un borborygme perturbant. Ah oui c'est vrai, ça fait plus d'une semaine qu'il s'est revitalisé l'estomac avec de la nourriture discount trouvable dans des magasins tout aussi bas que le prix de leur produits. Entre les pâtes chinoises prêtes en moins de cinq minutes, chronomètre en main plus les sacs de chips à foison, ce rythme digestif est extrêmement embarrassant. La question est; Prendre son courage à deux mains pour chausser ses bottes et sortir hors de son domicile afin de dégoter un restaurant abordable est-ce une idée envisageable? Il n'avait certainement pas envie de mettre son activité en pause, d'endosser sa veste et de partir dans une grande aventure à la recherche d'un fast-food exempté d'une file d'attente. Un moment de réflexion se poursuit, yeux plissés et les sourcils haussés en signe d'irrésolution. L'argent n'est pas son problème actuel, pour être franc c'est son inaptitude à errer bien longtemps en ville qui l'inquiète. Mais si son ventre persiste à exposer des remontrances, il ne pourra pas finir son jeu ni avoir un sommeil paisible et faire de beaux rêves. Confirmant ses propres pensées, la main tenant la console dépose avec soin celle-ci sur le matelas grinçant doucement, n'ayant plus à supporter le poids mort de son propriétaire qui s'attarde sur ses pas, ses jambes remorquant une à une les pieds éculés conduisant l'albinos vers la porte d'entrée gardée par une paire de bottes noire comme de l'encre.

En piste vers la pizzeria la plus proche, Yukimitsu abrite la moitié de son visage dans l'enceinte de sa capuche agréable bien qu'il sait que par mesure de politesse il devra la retirer une fois sur le lieu public— si il n'a pas jeté aux oubliettes ses bonnes manières. Pressant la cadence pour écourter la promenade, la grande architecture brillant de mille feux au milieu de la nuit stellaire eut l'effet d'avoir considéré ce bâtiment pour un second astre solaire. Porte poussée, il ne fallut que peu de secondes afin de retrouver ses repères à l'intérieur de la pièce éclairée, sachant exactement où se situer. Patientant derrière une file indienne décalée par rapport aux clients trottinant de gauche à droite avec leur boissons en main, l'attente s'éternise pendant huit bonne minutes avant qu'un serveur lui fasse signe d'approcher. Ce qu'il exécute d'emblée, prenant rapidement la parole pour énoncer le choix de sa pizza du soir.

❝ J'voudrais une pizza suprême. Pour une personne donc moi, bien sûr. ❞

L'air de rien il tourne les talons avant d'entendre les exclamations du serveur. Il était complètement apte à dévorer à lui seul une énorme pizza ou quatre menus au Mc.Donald. Cherchant une place disponible près d'une fenêtre, les épaules fléchirent dès qu'ils touchèrent le dossier du fauteuil. Que de suspens pour une simple pizza. Qui sait si les cuisiniers vont prendre au sérieux le jeune garçon ou simplement prétendre de ne pas avoir comprit et de demander autre chose. Heureusement pour lui, la pizza arrive, portée comme une pièce royale trônant sur les mains de l'employé se hâtant de la déposer délicatement sous les regards ébahis des clients jugeant dangereux de laisser une personne savourer ce chef d'oeuvre en solitaire. Ajustant une part finement découpée au préalable, le voici proche du délicat fumet devenu réalité, une illusion chimérique ayant dépassé le stade de l'imagination, les crocs acérés étaient déplacés en avant, désireux de croquer à pleine dents, ce que l'ombre acceptait d'accomplir dans les plus brefs délais—

-Coucou! C’est cool les pizzerias non? T’as pris quoi comme pizza?

Stoppé au beau milieu de son acte, Yukimitsu cligne des yeux une fois, deux fois et trois fois d'affilé, le visage assailli d'une expression apostrophé. D'abord il n'avait pas prévu la venue d'une individue ne connaissant pas la notion de l'espace personnel, cependant ce qui intrigue le youmu est l'ethnicité de la demoiselle, d'apparence humaine mais évidemment camouflée derrière ce masque, cette technique apprise par certain semblables ne voulant que coexister avec l'humanité en proie à la destruction. Bouche occupée à mastiquer la pâte croustillante mariée aux champignons, fromage fondant dégoulinant sur le recoin des lèvres, une réponse ne tarda pas à se faire prier, écorché par l'articulation devenue incompréhensible.

❝ Pichza chuprême. ❞

Commente-t'il, sa réponse transpirant d’enthousiasme. (Sarcasme inséré ici.)

» ▋▎「❝ If you're a sorcerer, fly with a broom. ❞ │Amemiya Yukimitsu & Asayo Shiro 」
» ▋▎「❝ Kids are supposed to be cute, not stealing things. ❞ │Amemiya Yukimitsu & Otonashi Aoi 」
» ▋▎「❝ I'm fine with being emotionless. As long as I have food, games and money. ❞ │Amemiya Yukimitsu 」
» ▋▎「❝ We're preys hunted down. Unlike the others, I hunt down people buying food. ❞ │Amemiya Yukimitsu 」
» ▋▎「❝ I'm a poor astray cat, I need affection and pizzas to survive ❞ │Amemiya Yukimitsu & Mitsuaki Masahiro」