▋▎「❝ I'm a poor astray cat, I need affection and pizzas to survive ❞ │Amemiya Yukimitsu & Mitsuaki Masahiro」

What's better? Orange juice or cola?

Satisfait. Ça serait le mot qui qualifierait le mieux Yukimitsu, déambulant les rues du quartier sous un ciel azuré. Quinze minutes en arrière, il participait à des challenges avec les gosses du parc municipal, armé de sa 3DS et de son jeu Pokemon X. Etant un pro dans la matière, il n'avait pas à rougir des combines des enfants essayant de mettre son équipe au tapis. Les paris reposèrent sur des mises banales (Selon le point de vue des adultes) telle que des bonbons, des pièces en chocolat et des échanges d'objets via le jeu. Prendre part à des activités de ce style ne l'a jamais dérangé, à vrai dire il aimait beaucoup perdre son temps avec des enfants plutôt que de tenir compagnie aux élèves de son lycée— rectification, il n'a pas de connaissances dans son bahut, si ce n'est que un ou deux camarades de classe qui ont eut la bonté de lui payer un casse-croûte pour qu’éventuellement ils se débarrassent de ce pseudo-humain un peu trop collant quand il fait son capricieux.

Une sucette multicolore reposant sur les molaires de l'esprit spirituelle, ses mains comptaient au compte-gouttes une à une les pièces dansant dans la paume de sa main. Exceptionnellement il se payera une folie aujourd'hui, c'est à dire d'aller boire un verre dans un bar du coin. Pas n'importe lequel, celui réputé comme classe, surtout quand on sait que l'un des serveurs n'est autre qu'un romancier populaire auprès des adorateurs de la littérature. Pour dire la vérité, boire une boisson dans ce bar en particulier est un gros prétexte, il y a bien une raison particulière, quelque chose en plus qui valait tout les détours du monde pour côtoyer un bar normal localisé dans un quartier bercé par la normalité. Si la chance est au rendez-vous (Et il l'espère) peut-être qu'il économisera son argent en jouant de son physique tout mignon pour s'attirer les faveurs de son barman favori. L'une des seules personnes suffisamment intelligente ayant prit le temps et la patience pour se familiariser avec l'albinos.

Rien ne l'arrête dans sa course contre la montre. Il redoutait d'entrer dans le bar au moment où Masahiro ne serait plus de service. Ne prêtant pas attention aux regards des passants trouvant son style vestimentaire toujours pas dans la norme, les bottes soulevèrent leur semelles au dessus du bitume, les yeux cernés cherchant la bonne porte indiquant l'entrée du bâtiment. Il est supposé être un chat, un félin possédant un grand sens de l'orientation. Ce qui n'est pas erroné cependant légèrement démenti puisque le mâle ne connait pas du tout la cité comme sa poche, en même temps il préfère se promener dans ses endroits favoris à l'inverse de partir à l'aventure, de découvrir le monde qui l'entoure, de supporter le rôle d'un intrépide aventurier.

Atteignant l'entrée du bar en question, une petite pression propulse la porte en avant, un grincement signalant l'apparition d'un potentiel nouveau client qui n'est autre que Yukimitsu. Redressant son dos voûté afin de faire preuve d'un peu de sérieux si bien qu'il recommencera à adopter des mauvaises postures une fois assit, ses poumons expirent un soupir de frustration dès qu'il nota qu'aucune présence de Masahiro est détectée dans les parages. L'heure de pointe est décalée ou alors le youmu est en avance sur le planning, qui sait, il n'a pas cherché à vérifier l'heure actuelle. Heureusement, peu de clients siégeaient sur le comptoir. Trois adultes parlant entre eux, dévoilant des nouvelles méthodes pour gagner à coup sûr aux jeux de courses. Inutile sujet de conversation dont l'adolescent fait l'impasse, redirigeant ses pupilles cerise vers les serveurs prenant les commandes de chaque invité, le matou choisit une chaise libre proche de la machine où se verse les liquides alcoolisés dans les verres, il attend sagement comme un gosse attendant ses parents, tête enfouie dans les bras croisés, la capuche camouflant toujours sa tête.

What's better? Orange juice or cola?

L'expression 'se tourner les pouces' concordait bien avec l'activité du moment pratiquée par l'ombre. Pommettes endormies sur la consistance du matériel servant de guichet plutôt que de repose tête. Qui sait quand et pour combien de temps son ami allait rappliquer, si il serait d'humeur joyeuse ou maussade, tout dépendant de Masahiro car si il était de mauvais poil, pas de boisson gratuite aujourd'hui. Et ça serait dommage d'être venu juste pour occuper une chaise et éventuellement commencer une conversation ô combien palpitante, on trouve de tout à Nagatsuki City. Plus ce que les gens croient. Yukimitsu avait un sérieux mauvais pressentiment au moment où une présence familière est repérée. Il était bien, assis confortablement su le comptoir tiède, étalant ses bras sur les côtés quitte à gêner les autres clients assit non loin de sa location. Faut dire les choses telle qu'elles sont, l'albinos est un habitué de la maison sans pour autant être du loquacité étonnante avec les adultes traînant près de lui. Il pourrait rester des heures à  monopoliser une chaise sans avoir passé une seule commande mais le destin en avait décidé autrement avec l'aide d'un mouvement affectif premièrement inoffensives mais secrètement destructrices pendant l'impact inévitable.

La mine décomposée à l'appel de son prénom, a peine eut-t'il le temps de corriger sa posture qu'une paire de bras bondit sur son corps fragile, l'étreinte le serrant contre le torse de l'adulte, suffocant face à l'adversité— contre cette force surhumaine, il sentit ses os se rompre les uns après les autres dans une sonorité quasiment inexistante, cependant c'est largement suffisant pour prétendre un accident survenu une journée auparavant, une excuse utile pour faire l'école buissonnière. ❝ Wow du calme pépère—.. C'est une tentative de meurtre pour te venger de tout ce que je t'ais volé? ❞ Réplique-t'il, gagnant la vague impression d'avoir été piégé dans une centrifugeuse l'écrabouillant lentement mais sûrement, la douleur envahissant du terrain seconde après seconde. Les contacts affectif débordant d'amour lui sont étranger, peut-être est-ce maintenant qu'il devrait rendre réciproque l'accolade? Une idée étrange ne manquant pas à l'appel mais qui est toutefois évincée de par sa définition même. Le youmu n'est pas sujette à l'attendrissement amenant à des sentiments compliqué à assimiler.

L'emprise se relâche doucement, le soulagement prend la forme d'un soupir écourté par une tape à l'épaule qui donne le coup de grâce, le coup de massue délivrant la dernière attaque battant le pauvre jeune homme regroupant ses dernières forces pour tenir sur ses deux jambes. Maudit soit son métabolisme faible. Maudit soit cet humain capable de lever la main sur une créature faible et feignant l'innocence avec ses faux airs de chat affamé. Enfin, ça dépend de la personne évidemment, certains voue une haine indéfinissable envers des animaux spécifique mais plus particulièrement les chats. Pourtant, ils sont discret, câlin et élégant.. Critères que l'adolescent ne rassemble pas et qu'il n'y s'y pliera jamais, son orgueil valant mieux que des stéréotypes. Stéréotypes désagréables et privé de cohérence, ça l'ennuie profondément de devoir ajuster son comportements aux goûts des humains trop renfermés sur leur préjugés. Aussi longtemps que le serveur continue de le traiter de la même manière, de passer outre son caractère stagnant les jours prévu pour passer des moments rocambolesques ensemble, l'ombre sera toujours ravi d'imposer son indépendance sur le dos de l'adulte.

S'ensuivit les blagues quotidiennes, éperdument dans un style bon enfant. Oui, la raison de sa venue est prévisible. Soutirer un max d'argent pour se payer de la nourriture de qualité. Une phrase déjà préparée que le mâle peut s'empresser de formuler afin d'expliquer sans entrer dans les détails ses aller-retours au bar. Plus fréquemment que les alcooliques du coin, c'est pour dire! Alors on est susceptible de qualifier l'enfant comme quelqu'un drogué à la dépendance d'autrui et qui ne renie pas ce défaut, il en est fier, fier d'avoir trouvé une personne psychologiquement immature mais tellement honnête, emplie de générosité que ça serait presque un crime d'en abuser. Un cœur d'or, ça ne court pas dans toute les rues, encore moins dans un monde rongé par des créatures abominables.

Il en fait parti, de cette race abjecte.

Question laissée en suspens pendant que Yukimitsu tapote son dos, sa voix indifférente en fusion avec des grognements démontrant son mécontentement. La vengeance n'en deviendra que plus terrible à supporter, avec vergogne il videra le porte-feuille de Masahiro et sans scrupule il rira au nez de ce ridicule héro. ❝ Puisque tu me le propose si gentiment, je boirai bien un coca. Non, mieux. La boisson la plus chère que le bar possède, sans alcool hein. ❞ Commande passée, on pouvait y distinguer une lueur de malice dansant dans les pupilles rétractées ainsi qu'un air taquin fier de son action, tel un enfant qui se sent revivre après avoir reçu des notes positives lors d'un contrôle surprise.

Le lycéen ne semblait pas vraiment content de l'affection trop présente dont tu avais fait preuve; il est vrai qu'il n'est pas bien résistant physiquement et même si tu n'avais pas vraiment de force parce que tu n'as de toute façon aucune raison de te muscler, la "puissance" des adultes de ton genre (enfin—des personnes âgées de plus de vingt-et-un ans) surpassait largement celle d'un garçon de dix-sept ans qui passait ses journées à dormir et manger, sans une once d'activité sportive. Tu ne sais pas comment tu as pu te permettre d'oublier ce détail mais en tout cas tu t'en veux énormément et c'est limite si tu ne te mettrais pas à genoux pour que Yukimitsu te pardonne. Il a dû horriblement souffrir et ceux même s'il a dû comprendre qu'évidemment, tu ne lui voulais aucun mal et que c'était purement affectif. —Qui pourrait croire une seconde que tu veux du mal à quelqu'un? Probablement ces personnes qui pensent que les gens trop gentils sont en fait de véritables pourritures. T'en as connu des gens comme ça—et ça fait toujours très mal quand on te dit ce genre de choses. Yukimitsu tapote sur son dos, comme s'il essayait de remettre en place un os ayant voulu profiter de l'occasion pour s'enfuir. S'il avait vraiment un problème par la suite, t'en serais tellement déprimé que tu n'aurais probablement plus le courage de lui parler comme avant juste parce que t'aurais peur qu'il te déteste. Pas comme si tes bras pouvaient tuer un lycéen: même s'ils sont encore jeunes (tu l'es aussi, d'ailleurs!) ils ne sont pas non plus aussi fragile que ça. Alors certes, le cas de Yukimitsu est quelque peu spécial mais tout de même—il reste un humain comme les autres.

Paranoïa mise de côté, tu attends donc patiemment la réponse de Yukimitsu, sourire aux lèvres pour ne pas changer. « Puisque tu me le proposes si gentiment, je boirai bien un coca. Non, mieux. La boisson la plus chère que le bar possède, sans alcool hein. » Réaction prévisible mais blessante, tu vas probablement finir à la rue si tout cela continue et pourtant, tu t'en fiches tellement que ça en devient pitoyable. Tu te fiches de finir à dormir sur du carton, tu préfères largement que ça soit toi plutôt que quelqu'un d'autre. Yukimitsu semble fier de sa commande et toi, t'essaies de te repasser la carte en tête—heureusement pour toi, la boisson non-alcoolisée la plus chère est le Coca. « U-Un coca, donc... » Le bar n'est de toute façon pas fait pour être un endroit où seulement les plus riches peuvent se permettre de dépenser ce qu'ils ont: c'est avant tout censé être un endroit où toute sorte de gens peuvent se donner rendez-vous en toute simplicité. Et c'est pour ça que t'es content de travailler ici; tu croises toutes sortes de personnes et comme il t'en faut peu pour être heureux, t'es tout content de voir des mamans, des familles attendant qui-sait-quoi, des hommes plus ou moins âgés faisant passer le temps avec quelques verres d'alcool, des jeunes adultes profitant de leur jeunesse, parfois des dépressifs buvant pour oublier mais ça c'est plus triste, parfois des sans domicile fixe dépensant le peu d'argent qu'ils ont pour noyer leur chagrin (quand c'est toi qui tombe sur eux, tu les force à prendre un café sans payer et leur conseil de dépenser dans quelque chose de plus intelligent): un peu tout ce qui existait, en somme.

Enfin voilà, tu fais un rapide allez-retour pour remplir un grand verre de coca avec la machine avec plein de coca (t'adores cette machine même si tu connais toujours pas son nom)(t'as toujours cru que c'était des bouteilles neuves qu'on servait aux gens mais en fait non!!)(oui t'as vingt-six ans). Tu mets quelques glaçons à l'intérieur et tout content tu repars donc servir l'albinos. Tu poses le verre sur le compotier et tu t'assois donc en face de lui. « Alors? Quoi de neuf depuis? » Question toujours très importante mais la plupart du temps c'est toujours un « Rien » qu'on obtient: le quotidien reste d'une banalité affligeante, rien ne semble neuf et lorsque l'on a une bonne note ou que notre ami a fait une bêtise ou quelque chose de drôle, on a tendance à l'ignorer parce que c'est banal. « Les amis, l'école, tout ça? » Tu ne sais pas si c'était une bonne idée de dire « les amis »—il te semble que Yukimitsu avait déjà mentionné quelque part que les gens du lycée ne l'aimait pas trop à cause de son manque de considération et son sarcasme souvent blessant. Cependant, rester tout seul en cours est douloureux, tu le sais trop bien, et même si l'albinos ne possède pas la nature bienveillante que tu possèdes, la solitude reste le même sentiment quoiqu'il arrive: quelque chose de négatif et de déprimant. Tu ne te souviens plus tellement des circonstances de votre rencontre mais heureusement que t'étais là, tu voulais pas laisser ce pauvre lycéen face au monde: tu ne sais pas où se trouve ses parents, il ne t'en a jamais parlé, et tu ne préfères pas lui demander, tu n'aurais pas aimé non plus qu'on te demande quelque chose à propos de tes parents. S'il te répondait quelque chose se rapprochant au « Rien », t'allais probablement bouder parce que tu n'aimes pas cette réponse qui ne semble pas faire pour que la conversation dure: mais t'as bien envie de lui parler, à Yukimitsu.

What's better? Orange juice or cola?

L'affection, c'est bien. Mais débordante, cela devient horripilant. Rancunier comme pas deux, il fusille du regard l'adulte qui abordait un sourire penaud pendouillant sur ses lèvres, l'air de rien. Comme c'est charmant, la candeur— quand ça vient d'un enfant. Lorsque c'est un adulte, le thème est tout de suite glauque. Il rageait de voir Masahiro plus grand que lui, d'avoir des centimètres en plus alors qu'il est encore un gros gamin par rapport au mental et au physique. C'est incroyable de voir que certaine personnes paraissent jeunes et d'autres.. Plus vieux que leur véritable âge. Yukimitsu perdait des centimètres, à force de voûter son dos chaque jour. Sa tenue débraillé ainsi que sa coiffure dont il ne prend pas la peine de passer un coup de brosse offrait la perspective de rencontrer un débauché tout juste sorti de l'alcool, si c'est pas triste. Pourtant dès qu'il zieuta vers Masahiro, il adoucit sa grimace, sachant que le jeune homme ne souhaitait en aucun cas faire du mal, et que ça risquerait de le peiner de voir un enfant "blessé." Il avait pas besoin de voir le serveur dépaysé ou carrément plongé dans une mini dépression au milieu de son travail. Mais bon, ce n'est pas une tape amicale dans le dos qui causera la perte du jeune youmu qui réussit tant bien que mal à se redresser complètement, affichant ses 163cm— qui est une taille toujours déplorable et honteuse. Il dépasse à peine les filles de son lycée, c'est un véritable désastre. Limite il s'infiltrerait dans un collège, personne ne soupçonnera son véritable grade.

Heureusement qu'un coca cola n'est pas excessif. Une boisson parmi tant d'autre, typiquement adorée par les enfants pour son goût sucrée et caramélisé avec une dose de caféine. Ce n'était pas un cocktail extrêmement cher qui allait coûter un bras au jeune homme— une expression à peine pensée car ce n'était évidemment pas Yukimitsu qui allait sortir son porte-monnaie pour payer un demi-litre de boisson qu'il engloutira en moins d'une fraction de seconde. Un travail de serveur doit rapporter un maximum d'argent au cours de chaque mois mais les salaires dégringolent années après années et trouver de quoi se nourrir n'a fait qu'amplifier les craintes des habitants sans compter la difficulté financière de l'adolescent qui se tait sur ses revenus— ne vivant que par lui-même et son travail consistant à chasser son espèce menaçant l'humanité entière, c'est peu dire que joindre les deux bouts est un défi mettant à l'épreuve les martyrs. Toutefois il ne soufflera jamais un mot à Masahiro, il ne connait que trop bien la réaction prévisible de son "camarade". Il serait capable de le prendre sous son aile; de le dorloter et de claquer toute les économies pour veiller au confort du pseudo humain. Bien que cette possibilité annexe semble alléchante, Yukimitsu refuse de devenir le fardeau de quelqu'un. Pas une deuxième fois, pas après avoir déjà été le spectateur de son propre pêché. Quelle serait la réaction du plus âgé si celui-ci découvrait la réelle identité de l'adolescent? De constater qu'il n'est qu'un monstre faisant de son possible pour se fondre dans la masse humaine, dupant le monde entier. Ce type de réflexions a le don d'engendrer une migraine intense et de provoquer des débats spectaculaires, pire qu'un monologue. Changer d'état d'esprit ne serait as de trop, le plus rapidement sera le mieux.

S'ensuivit ensuite le fracas d'une bouteille pleine reflétant le visage pensif du jeune. Écarquillant ses yeux cerises, il reprit ses esprits d'une traite, tout comme sa main rencontrant la composition frigide de la bouteille dorénavant agrippée d'une main de fer, comme si Yukimitsu craignait qu'elle prenne ses jambes à son cou et s'en aille. Lèvres pâles embrassant le goulot, l'inclinaison permit au liquide brunâtre de glisser dans le gosier du détenteur Se rafraîchir la bouche était relaxant, le nectar pétillant chassant les mauvaises idées noires polluant le mental et l'humeur actuelle. Rien n'était susceptible de briser cet havre de paix jusqu'au moment où la voix de l'écrivain fit office d'écho dans la salle (Pas tant d'amplitude au niveau de la voix), sa question laissant en suspens la bouche entrouverte de l'enfant.

Oh. Une question portant sur la vie privée, d'emblée. Répondre d'un "Rien." serait du sarcasme intensif, une bonne tranche de rigolade. Non, Masahiro s'est montré courtois et hautement bienveillant. La moindre des choses serait d'au moins postuler quelque chose avec des bases solides, un pilier central avec du concret. Et pour dire la vérité, la franchise n'est pas plaisante à écouter. La routine en ce moment? La distance entre le bonheur et l'ennui profond n'a jamais été autant accentué par un tel écart. Le manque d'amis y est pour quelque chose. Quelque connaissances par-ci et par-là, toutefois l'âge de lesdites personnes ne dépassent pas les onze ans. Dans un langage familier, il pourrait être aisément traiter "de looser insociable" par les adolescents. Quel mal y a t'il à passer du bon temps avec des enfants aux cœurs pur et privés de croyances soit caduc ou irraisonnables? Il appréciait à sa juste valeur la présence des individus honnêtes et sincères. Des standards que Masahiro réunit mais dont il ne le saura probablement jamais. Un haussement d'épaule suivit d'un discret 'Slurp' fut le prélude d'un court récit.

❝ J'ai passé ma nuit à jouer à Pokemon X pour battre la Ligue, du coup j'ai oublié de faire mes devoirs de maths et je suis collé avec en bonus un contrôle supplémentaire. Ai-je besoin de préciser que je n'ai pas d'amis pour me filer un coup de main pour les cours? Sinon, la vie est belle, tant que j'ai des chips sur moi. Et toi, sinon? Un événement a égaillé ta journée?  ❞

Raconte-t'il, ayant prit le temps d’inhaler et exhaler de l'oxygène. Félicitons son exploit du jour, c'est-à-dire d'avoir dépassé son quota d'éloquence seulement dans le but de combler un trou qui s'appelle le silence. Le bon côté des choses ait qu'il a retourné la question à son interlocuteur, à savoir si quelque chose de nouveau avait pimenté la vie de Masahiro.

Il engloutit le soda d’une traite et tu observes l’acte avec un profond respect. Le coca, ça pique, et pas qu’un peu, jamais tu ne pourras avaler cette boisson cul-sec. C’est terrible, terrible, aucun être humain ne peut faire ça ! Du coup tu te contentes d’admirer en silence, attendant une réponse. Et par pitié pas un simple « Rien ». Le problème c’est que Yukimitsu est bien le genre de personne à répondre ce simple mot juste pour t’embêter. Mais s’il fait ça, tu vas bouder, et pas qu’un peu, parce que tu l’aimes bien, Yukimitsu, alors s’il écourte la conversation comme ça, ça veut probablement dire que c’est pas réciproque. Mais ! C’est pas possible ! Il cache juste son affection pour x ou y raison ! Genre pour paraître cool ! Du coup, il t’aime beaucoup, voilà. Même si c’est pas vrai, ben en fait c’est vrai dans ta tête et ça suffit largement, pas besoin de se faire agresser par la violente réalité— c’est pas très sain d’esprit comme raisonnement mais chut. « J'ai passé ma nuit à jouer à Pokemon X pour battre la Ligue, du coup j'ai oublié de faire mes devoirs de maths et je suis collé avec en bonus un contrôle supplémentaire. Ai-je besoin de préciser que je n'ai pas d'amis pour me filer un coup de main pour les cours? Sinon, la vie est belle, tant que j'ai des chips sur moi. Et toi, sinon? Un événement a égaillé ta journée? » … Woah.

Ton sourire s’agrandit, parce que finalement, il a vraiment répondu ! En plus il a beaucoup parlé ! Un peu trop d’ailleurs, t’as eu un peu de mal à tout enregistrer mais parce que c’est Yukimitsu, tu peux bien faire ça ! T’as limite envie de lui sauter dessus en pleurant de joie mais lieu public + c’est quand même là où tu travailles. « Wahhhh ! » Franchement, t’as du mal à contenir la fierté que tu ressens— parce que Yukimitsu t’as quand même beaucoup parlé, c’est pas commun, c’est un peu comme si t’avais gagné sa confiance ou quelque chose comme ça ! Merci, Yukimitsu, je t’aime aussi. Il t’a retourné la question aussi, question de politesse probablement mais— la politesse ne s’entend pas vraiment avec lui, non ? Donc il en a quelque chose à faire de toi ! Que de preuves d’amitié d’un coup, peut-être que tu te fais des idées mais ça reste très agréable à vivre alors continuons. « Ben… »

Réflexion soudaine. Quelque chose d’intéressant dans ta vie… Bah, tu vis toujours la même chose donc tu serais tenté de répondre « Rien » mais non. Alors— tu pourrais simplement réagir à sa réponse et ignorer la question mais c’est pas très poli et Yukimitsu risque de se sentir blessé (si ça se trouve au fond c’est un garçon sensible et il fait genre qu’il se fout de tout et qu’il est méchant comme ça personne l’approche et donc pas de tristesse)(mais toi comme t’es tu l’as forcé à rester avec toi comme ça tu le prends sous ton aile et tout) donc il faut que tu répondes. Un éclair de génie traverse ta tête d’un seul coup, et c’est étrange à vivre ça, quand on est un imbécile heureux comme toi (quoique ça t’arrive quand t’écris, de temps à autres). « Ah !Ouais ! Y’a un trailer pour la saison quatre d’une série que j’aime beeeeaucoup ! On n’a pas vu grand-chose mais y’a la date de sortie ! Le huit mars ! C’est trop cool mais en même temps y’a pas eu mon personnage préféré, surtout qu’il était dans un sale état à la fin de la saison trois… Mais c’est super cool quand même ! » Tu reprends ton souffle parce que parler autant sans gaffer c’est dur mais t’aurais l’air bien con (enfin plus que d’habitude) à ne pas savoir correctement parler. « Mais du coup avec le décalage horaire je me suis couché super tard et comme j’étais fatigué et que j’ai encore oublié mes lunettes à la maison ben j’ai encore cassé un verre et le patron m’a crié dessus… Mais c’était coo—cool quand même ! »

Ah ben ta langue a fourché à la fin, presque ! La prochaine fois, peut-être… Mais t’es content, même si t’es persuadé que ç’a saoulé Yukimitsu. Tu te repasses ce qu’il t’a raconté en tête. Pokémon… C’est un jeu vidéo, non ? A l’école primaire, y’a eu un moment où ils en parlaient beaucoup, les autres élèves. Mais toi, ben… T’as pas eu l’argent et c’est extrêmement regrettable. Ça serait bien qu’un jour tu t’en achètes mais ça coûte cher apparemment, genre une 3DS, tu vois beaucoup de pubs sur ça à la télé, mais ça doit faire mal aux yeux et vu que t’as des yeux pourris et que tu mets tes lunettes tous les trente-six du mois si les astres sont bien alignés ben tu risques de devenir genre. Aveugle. Ça serait teeeellement bien… Puis d’abord, à cause de ça, Yukimitsu s’est fait coller, donc c’est pas cool. « Puis d’abord, t’aurais dû faire tes devoirs d’abord, espèce d’idiot ! » tu lui tires les joues en guise de punition, puisque tu peux pas faire grand-chose d’autre. « Normalement, tu sais, les parents prennent la console jusqu’à-ce que t’aies un super bulletin ! » Tu libères ses joues, parce que ça fait mal quand même, continuant à faire la moue. « En plus, si t’aurais pas été collé, t’aurais pu y jouer plus, à ton jeu… » Voilà, une bonne raison de faire ses devoirs ? Enfin toi, t’as jamais eu besoin de raisons, t’avais que ç’à faire, en plus de lire et relire ce qui était étalé sur le sol— mais ça devrait bien marcher sur lui, non… ? « Je suis là, moi, pour les devoirs, en plus… » Tu marques une légère pause pour qu’il enregistre bien que tu es bieeen disponible pour l’aider. « J’ai vingt-six ans tu sais ! Puis on dirait pas comme ça mais j’avais des superbes notes ! » Tu te remets à sourire, fier d’annoncer à un de tes proches qu’en fait, t’es pas si stupide que t’en as l’air. C’est vrai que quand on voit l’abruti que t’es, on ne se doute pas une seconde que t’avais eu des félicitations plusieurs fois— en fait pratiquement tout le temps. Bon après, les maths, c’est pas non plus ton point fort, mais vu le métier que tu exerces c’est pas censé surprendre quelqu’un.

What's better? Orange juice or cola?

Tenté de réclamer un second verre frais de coca, il s'abstient de commander une seconde fois, qui plus est d'affilé. Préférant écouter d'une oreille attentive les péripéties du jeune adulte— pour être franc, le yokai connait presque par coeur Masahiro, au point d'avoir quasiment retenu par cœur son emploi du temps. A défaut de souvent utiliser la maison du jeune écrivain comme abri, il a fini par mémoriser les habitudes de son ami. Or il se trouve que l'adolescent n'avouera jamais ô combien il est attaché à cet humain un brin stupide mais disposant d'un cœur d'or inestimable. Yukimitsu dissimule bien trop souvent ses sentiments, il parait stoïque aux premiers abords, mais au fil du temps, il apprend à faire confiance à une personne. Un mécanisme s'enclenche, les rouages s'éveillent et les émotions viennent peu à peu. Il ne prétend pas être une personne loquace et aimable, il ne compte pas changer son état d'esprit pour plaire aux autres. Toutefois il s'avère qu'avec Masahiro est le premier humain auquel Yukimitsu s'est 'lié d'amitié'. Il est sympathique, il paye souvent les fraudes du yokai et il le soutien dans la vie de tout les jours, semblable à un père avec son fils. Ce genre de pensée empestait la niaiserie, difficile d'imaginer ce gros gamin comme un adulte mature et responsable— au fond Masahiro est un type banal qui essaye de comprendre et supporter ses compagnons. Et cette qualité dépasse largement les standards pour devenir un adulte accompli.

Une main harponnée sur la capuche à fourrure, un air blasé contorsionne la physionomie de Yukimitsu face à la gaieté explosive de l'humain. Était-t'il si heureux que son interlocuteur lui retourne la question? La réponse est évidente, mais voir le serveur plongé dans une expression exubérante est assez fatigante. Yukimitsu se tut sur cette réflexion qu'il garde sous silence, ses yeux carmin longeant le long de ce sourire béas reflétant le bonheur du monde. Un peu de partage ne ferait pas de mal, quoique l'adolescent se passerait volontiers de ce style de réaction demandant trop d'efforts. Peut-être qu'il aurait mieux fait de répondre de façon concise et de ne pas laisser filtrer une once de politesse, cela aurait éviter les complications et les conversations à rallonges. Énorme paroxysme, compte tenu du fait qu'il préfère largement voir l'homme émerveillé plutôt que maussade. La logique n'est pas toujours rationnelle, hélas.

« Ah !Ouais ! Y’a un trailer pour la saison quatre d’une série que j’aime beeeeaucoup ! On n’a pas vu grand-chose mais y’a la date de sortie ! Le huit mars ! C’est trop cool mais en même temps y’a pas eu mon personnage préféré, surtout qu’il était dans un sale état à la fin de la saison trois… Mais c’est super cool quand même ! Mais du coup avec le décalage horaire je me suis couché super tard et comme j’étais fatigué et que j’ai encore oublié mes lunettes à la maison ben j’ai encore cassé un verre et le patron m’a crié dessus… Mais c’était coo—cool quand même ! »

Des séries télés, des plaintes, des envies.. Le train-train quotidien résumé en un discours. Travailler force à faire des sacrifices, des concessions. Hors de question, pensa l'enfant. Son job actuel lui permet uniquement d'arrondir ses fins de mois et de pouvoir payer les factures et le lycée, vivre était une corvée omniprésente. Pas le temps de lambiner ou de bailler aux corneilles pendant le travail, les petits plaisirs quotidiens sont jetés à la poubelle. Ne plus avoir l'occasion de procrastiner sur la 3DS donnait froid dans le dos. A ce sujet, le yokai ne peut que compatir. Un haussement d'épaule renforce la réaction de Yukimitsu vis à vis des péripéties de Masahiro. Le jeune serait tenté de répliquer sarcastiquement  'Arrête de bosser si tu veux regarder la télé' cependant cette remarque est aussi stupide que d'imaginer gagner à la loterie. Il était d'humeur à taquiner son prochain, malheureusement son seul et unique ami était ce pauvre monsieur qui n'avait certainement pas besoin de constamment nourrir une bouche supplémentaire qui ne s'embête pas à rembourser ou exprimer sa gratitude. Dès qu'il entendit le mâle fourcher, il ne pouffa pas de rire, haussant simplement un sourcil en guise d'observation. Voilà ce qui arrive lorsque des âneries sont débités à la suite. Ce manque flagrant d'empathie est rude, ce dont Yukimitsu s'empresse de rectifier.

❝ Fais gaffe, tu risques de te mordre la langue et te vider de ton sang. Et puis tu travailles trop, un jour tu vas crever d'épuisement. ❞

Signale-t'il avant de se rétracter une nouvelle fois, prêt à se mettre en boule sur sa chaise. Quelle fut sa surprise dès qu'il sentit ses joues prises au piège dans les mains froides de son interlocuteur qui faisait une moue enfantine. Il reste premièrement silencieux en autorisant le contact glacial avec sa peau d'habitude tiède, anormalement chaude. Parfois, il se faisait piéger par des câlins, parfois par des embuscades remplies d'affection, comme à ce moment présent. Pendant un cours instant, ses yeux se fermèrent et il profita de ce contact avant d'entamer sa vengeance une fois ses joues relâchées. Son poing serré, un coup de poing décolla vers les côtes de Masahiro. En dépit de l'absence de violence dans ce coup, la force fût étonnamment dosée pour faire ressentir de la douleur. Suffisamment pour que cela représente des représailles.

« Je suis là, moi, pour les devoirs, en plus… J’ai vingt-six ans tu sais ! Puis on dirait pas comme ça mais j’avais des superbes notes ! »

❝ Tss, je m'en fiche des devoirs. J'ai toute la vie devant moi pour les faire. ❞

A prendre au sens littéraire. Yokai de sang pur, sa durée de vie est considérablement rallongé, voire éternelle. L'éternité possède des avantages et inconvénients, dont l'un est de voir le monde changer, vieillir, tandis que ceux immortel ne change pas d'un pouce. Afin de se donner l'illusion d'avancer avec son entourage, Yukimitsu se vieillissait automatiquement, à peu près au même rythme que les humains. Qui sait à quoi il ressemblera dans cent ans. Pour le moment, il profite de sa routine actuelle, appréciant à sa juste valeur chaque seconde passée.

❝ Mais j'ai pas envie de passer mes journées dans une salle alors.. Fais mes devoirs. ❞

Oui, il a entendu. Masahiro avait proposé son aide et non pas se dévouer pour jouer le rôle de l'élève mais— l'écrivain ne peut refuser pareille requête puisqu'il se vante d'avoir eu des super notes. Raison de plus pour inculquer son savoir dans la caboche du lycéen, non? Une opportunité de rendre le jeune un peu plus débrouillard et le sortir de sa fainéantise.