Eh, tu veux des viennoiseries? -- ft. Mitsuaki Masahiro

Y'a des jours comme ça où t'as vraiment, vraiment envie de rien faire de ta journée. Tu t'es levé il était genre — neuf heures et t'étais tellement crevé que tu t'es laissé mourir deux-trois heures sur le lit, fixant le plafond, parfois plongeant dans un sommeil plus ou moins profond. Tu réfléchissais à plein de choses mais principalement à tes séries et à certain films, parfois à des idées pour ce que t'es entrain d'écrire, parfois à rien, tu réfléchissais comment faire pour ne rien penser et c'est franchement pas possible. Conclusion ma foi forte intéressante et tu te souvins que t'avais déjà entendu ça en cours. T'as entendu plein de choses en cours, des tonnes et des tonnes de choses et même si tu les avais apprises pour t'assurer de ne pas foirer tes examens, aujourd'hui, elles te revenaient seulement lorsque tu en avais besoin — c'est à dire jamais. Tu soupires très fortement en pensant qu'à partir du collège, les choses que t'avais appris avaient commencé à devenir assez inutiles. Sauuuuf les cours de japonais. Et d'anglais aussi. Bon Dieu ce que tu remerciais tes professeurs d'anglais — sans ça, tu n'aurais jamais pu regarder la plupart des séries que tu regardes et bon voilà. Mais les maths, c'était terrible. Tu te fichais tellement de connaître ce qu'est une puissance, de savoir comment calculer la longueur, l'aire et le périmètre d'une figure. D'ailleurs, t'avais déjà complètement oublié cette notion et il est fort probablement qu'elle ne te revienne jamais. Biologie c'était bien par contre — tu n'as jamais compris pourquoi t'aimais cette matière qui te répugnait de temps à autre.

Tu passais en revue toute les matières que tu avais vécu. Physique Chimie — connaître par cœur la formule de l'eau, de l'oxygène, du fer, c'était très inutile mais la gravité, tu t'étais fait un gros délire là dessus, t'étais grave à fond et s'en était devenu ridicule. Sport — bon, comme t'es ce que les gens appelaient un intello à l'époque, l'endurance et tout ça, c'était pas vraiment ton truc. T'étais vachement doué aux sports de balles pourtant et c'était plutôt étrange. Technologie — Apprendre des choses que tu connaissais déjà ou apprendre comment la robotique et tout ça marchait, c'était pas très utile mais parfois c'était intéressant et d'autre fois c'était juste complètement chiant et stupide. La langue vivante deux (t'avais choisi français parce que t'aimais bien la France genre y'avait la mode, les baguettes et l'amour, ce genre de trucs que tu ne pouvais absolument pas vivre mais le romantisme et tout ça, t'aurais bien voulu le vivre) — c'était tellement dur le français, c'était pas logique mais dans un sens c'était plus facile que le japonais — déjà parce qu'il y avait un alphabet, pas cinquante-trois millions de prononcer ou écrire un mot. Histoire — bon Dieu ce que tu avais aimé ces cours. T'as toujours trouvé ça super cool, tu pouvais te venter de connaître plein de truc, tu prenais toujours des notes qui ne servaient à rien, tu retenais tout tout tout. C'était franchement passionnant et tu ne sais pas trop pourquoi. À partir du lycée, c'était l'histoire des autres pays, et c'était encore mieux.

Enfin bon voilà, réfléchir sur l'école quand on est dans son lit, ça fait mal à la tête, surtout que ça fait presque dix ans que t'y étais plus retourné. Ça éveillait des souvenirs plus ou moins douloureux mais tu préférais les ignorer parce que tu n'es pas du genre à te focaliser sur le négatif. Tu pousses un énième soupire et tu t'étires aussi gracieusement qu'un chat (le pire c'est que c'est pas de l'ironie). Tu te lèves, tu parcoures ta chambre du regard et remarque qu'il faudrait vraiment que tu ranges tout ça. Au moins pour la pauvre Akemi (surtout pauvre toi parce qu'elle risque de te tuer). Tu te lèves et tu regardes l'heure — err, onze heures donc. T'arrives pas à croire que t'as réussi à passer deux heures à réfléchir sur l'inutilité des matières à l'école. Ah — d'ailleurs, Akemi est en cours, non? Bon, faut que tu te changes les idées alors —. Paquet de chips! Les chips, remède à toutes déprimé depuis 1875. Bon ok, tu t'excites un peu sur un simple paquet de chips mais avec une bonne série glauque et quelques bouquins t'allais très vite retrouver un peu de euh. Vivacité. (Ça t'as pris longtemps à retrouver le mot: tu croyais que c'était "vavittude" et puis tu t'es dit qu'un truc clochait mais c'était très très dur pour une raison x ou y; parfois t'as du mal à réaliser quand même que t'es un romancier et que bon: ne pas retrouver des mots c'est vraiment con). Tu avais donc possibilités: passer ta journée à être complètement improductif d'une bonne façon en lisant, et d'être aussi improductif maiiis en regardant une énième fois Hannibal ou House of Cards — peut-être Doctor Who. Tu poses tes yeux sur ta table de chevet; tes lunettes et ta télécommande étaient à côté. ... De toute façon, t'auras quand même besoin de lunettes pour regarder la télé. Bon, voilà. Le choix est donc vite fait: l'anglais, c'est bien, les séries aussi. Dans un sens t'auras révisé ton anglais donc c'était pas si mal que ça.

Content de ta réflexion très très profonde, tu te lèves donc vraiment et tu pars te faire couler un café en mode le café c'est la vie et ça donne de la vie aussi. Tu fais, comme d'habitude, tourner la cuillère et regarde le sucre fondre. Très passionnant comme action mais tu t'en lasseras jamais; c'est une partie de ta routine et si un jour tu devais t'en débarrasser tu te sentirais probablement très très malade. Enfin voilà, cette fois-ci tu ne te brûles pas la langue. Tu pars prendre tes lunettes, allumes la télé, t'écroules presque sur ton canapé et tu réfléchis quant à ce que tu devais regarder. Après réflexion, tu te dis que House of Cards, c'est cool, et que le re-regarder, c'est toujours bien vu que le vocabulaire sur la politique c'est un peu incompréhensible (et que l'acteur principal articule pas trop c'est super dur). Tu t'enfonces dans un plaid (il fait froid et t'es pas forcément bien isolé, surtout que tu traines chez toi pied nu et avec un simple t-shirt et un short parce que tu es une personne très normale qui se fiche de crever de froid) et tu lances tes épisodes, dans une sorte d'euphorie, entre le chaud de la couverture et la complexité de ce que tu regardais. Le temps passe, une heure, deux heures, trois heures et entre temps tu changes de série et t'es content.

T'entends la porte s'ouvrir et c'est limite si tu sursautes parce que t'étais tellement dans ta tranquillité que t'avais oublié qu'Akemi était là, aussi. Tu te sors rapidement de ton plaid, tu fais comme si t'étais en mode normal et tout et tu éteins plus ou moins rapidement ta télé. Tu gardes tes lunettes par contre; ça donne un air comme si tu lisais (avec les trois cent cinquante livres sur le sol ça passe facilement). « Akemi-chan~! » Tu lui souris, oubliant un peu la tenue quelque peu négligée que tu portes. « Salut Masasoumis! Bonne journée? Moi ça roule. T'as vu ce que j'ai ramené? T'en veux? » Elle secoue un sac devant ton nez où une odeur de boulangerie s'échappait. Tu te mets à avoir des étoiles dans les yeux — un — un acte de gentillesse de sa part?! Ahhhhh t'étais trop content — tellement content que tu la serres dans ses bras. « Je t'aiiiiiime Akemi! » De l'amour amical hein parce que ça peut porter à confusion; vu qu'Akemi est mineure et tout ça tout ça. Tu hésites à prendre le paquet: c'est un peu impoli et tu préférais qu'elle te le donne et tout. Tu relâches l'emprise et, comme un gosse, tu lâches plus le « cadeau » des yeux. Tu sais pas trop pourquoi est-ce qu'elle est aussi gentille d'un coup (n'oublions pas qu'elle est tout de même la dirigeante de cet appartement et que tu dois l'obéir au doigt et à l'œil si tu veux pas te faire "punir") mais tu te poses pas la question vu combien t'es stupide: même si de temps à autre elle est sans pitié; tu sais depuis le début qu'Akemi est gentille de temps à autres et tu préfères profiter de ces moments-là plutôt que de sa nature tyrannique.